Jude Taylor

Commençons par le commencement. Heu… Je suis quelqu’un d’assez… Bizarre je crois… Je peux aussi paraître stupide, à un point, mais à un point, vous imaginez même pas. Alors qu’en vrai c’est tout le contraire ! D’un autre côté, une Mnésique idiote, c’est rare. Je pense pas que ça existe… Au fil du temps, je suis très attachante. Chiante, mais très attachante. Bon, je suis une fille quoi… Vous en connaissez beaucoup des filles adorables, hein, dites-moi ? Je suis têtue comme une mule, quand j’ai une idée dans la tête, impossible de me faire changer d’avis. Je n’ai pas pour habitude de me plaindre, mais ça peut m’arriver. Je déteste avoir l’estomac vide. Dans ces moments là, je sors souvent des trucs du genre « j’ai faaaaaim » répétés jusqu’à ce que je mange. Enfin, ça dépend des circonstances. Je veux me donner l’impression d’être une fille forte, insensible, alors qu’en vrai c’est tout le contraire. Je suis douée pour mentir, mais pas pour dissimuler mes sentiments. Je suis un vrai cœur d’artichaut, aussi : je tombe amoureuse extrêmement vite. Je suis plutôt douée avec mes mains. Je sais que j’ai du charme, beaucoup je ne sais pas, mais j’en ai, et je sais en jouer quand j’en ai besoin. Je ne suis pas toujours trèès, trèèès honnête… Mais souvent c’est pour ma bonne cause. Je ne suis pas spécialement généreuse, ni égoïste ; enfin, juste ce qu’il faut, quoi. Je dirais que je suis quelqu’un de bien. Je ne sais pas tenir ma langue : je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas. Aussi, les abrutis qui obéissent à ce… Ce… Cet insupportable Natan machin truc, ils ne m’aiment pas trop. Qu’ils se rassurent : moi non plus. Ah. J’adore embrouiller les gens, aussi. C’est marrant. Je dis un truc, puis dix minutes plus tard, je me contredis. Pour faire passer le temps, des fois, j’entretiens des débats… Toute seule. Mais je ne suis pas folle, non non non. J’ai toujours mon épée avec moi, je sais très bien m’en servir et… N’hésite pas à le faire...

Histoire: J’aurais bien aimé vous dire, qu’il y a vingt ans, lorsque je suis née par une belle journée ensoleillée, mes parents étaient les plus heureux du monde. J’aurais bien aimé vous dire que j’ai eu quelques années plus tard une petite sœur nommée Emy (j’adore ce prénom) et que, depuis, ma vie a toujours été belle. En fait, je ne peux pas, parce que ce n’est pas vraiment le cas. Oui je suis née il y a vingt ans, mais je n’ai jamais connu mes vrais parents… Ils m’ont abandonnée, je crois. En vrai, mes parents m’aimaient comme des dingues, mais ça je ne le sais pas, et ce n’est pas à moi de le raconter. C’est un couple de Cogistes qui m’a trouvé quand je n’étais qu’un bambin. D’après eux, j’avais presque deux ans. Ils avaient déjà six enfants, six garçons, et n’arrivaient pas à avoir de fille. Alors, ils ont décidé de me garder. Mes parents adoptifs adoraient les « J ». Alors qu’ils avaient déjà nommés leurs fils James, Jack, Joe, Jordan, Jess et Jules, ils décidèrent, histoire de faire original je suppose, de m’appeler « Jude ». Ma mère adoptive, Elizabeth, décéda alors que je n’avais que cinq ans. Je n’ai pas trop de souvenirs d’elle… A cette époque là, la terreur était déjà d’actualité, un certain Natan au pouvoir. Je ne m’en occupais pas vraiment, étant gamine. J’ai donc grandi sans trop de mal dans une famille où nous étions huit, dont sept garçons. J’ai toujours adoré mes frères. Sauf que, évidemment, passer son adolescence avec des autres ados plus grands que soient qui vous envoient des vannes à longueur de journée, c’est pas super. On peut donc dire que je n’ai pas un super super souvenir de cette époque là… Cependant, point positif d’être élevée dans une famille de Cogistes alors que moi j’étais Mnésique, on m’a toujours fait travailler dur pour manier l’épée et savoir tirer à la perfection à l’arc, ce dont je me félicite aujourd’hui.
Toutefois, mon frère Jack, l’ainé, était engagé depuis belle lurette dans l’armée, ou je sais pas trop comment appeler ça… Il avait 15 ans de plus que moi, je ne l’ai jamais vraiment connu contrairement aux autres. Il était bien le seul à soutenir Natan machintruc. Aussi, un jour, alors qu’on demandait à des Cogistes de venir se battre, il nous a dénoncés. Tous. Toute la famille. Voila comment du jour au lendemain je me suis retrouvée seule, jugée trop jeune pour aller me battre moi aussi. J’étais paumée. Aussi, je suis restée seule, durant un an, me débrouillant plutôt bien.
Un jour, Jordan revint, avec une jambe et un pied en moins. Il m’annonça qu’il était le seul « survivant » de notre famille autrefois nombreuse. Ca fout un choc, je vous jure. Ca m’a aussi énervée contre Natan Machintruc. Alors, mon épée à la main, laissant mon frère seul, je suis partie. Il était temps de voler de mes propres ailes. Je savais me battre, oui ou non, après tout ?